Qui suis-je ?

Octobre 2021, j’ai 39 ans, un mari, 3 enfants, un poste de responsable méthodes et qualité produit en CDI, un bon salaire.

J’ai tout pour être heureuse aux yeux de la société.

Sauf que…

Je pourrais dire que c’est le Covid qui m’a fait réfléchir, comme beaucoup, et qui a été l’élément déclencheur. Ou bien que c’est la crise de la quarantaine. Ce ne serait pas faux !

Mais la vérité, la vraie, c’est que c’est un dessin animé qui a tout déclenché.

Comment ? Je te raconterai cet épisode avec plaisir quand on se rencontrera, mais en résumé, il m’a fait prendre conscience que j’avais pris la plupart de mes décisions pour… faire plaisir. Me conformer à ce qu’on attendait de moi. Je ne m’étais pas autorisée à me demander qui j’étais vraiment, et ce que je voulais, pour moi.

A peine cette prise de conscience faite, que la suivante venait :

je veux aider les femmes à accueillir leur bébé, ou plutôt, à devenir mère.

12 ans auparavant, j’étais devenue mère moi-même. Les conditions étaient presque idéales, en tout cas je les souhaite à toutes : j’avais une sage-femme rien que pour moi, car le service était calme ce soir-là. Elle est restée avec moi presque tout le temps, surtout quand on a compris que la péridurale ne fonctionnait pas. Mon fils est venu au monde dans la douceur. Je n’ai pas eu le coup de foudre, on s’est apprivoisé lui et moi, au fils des jours et des semaines.

Quand je suis tombée enceinte de sa sœur, 1 an plus tard, j’ai eu peur de ne pas l’aimer autant que lui. Ce n’était pas « possible ». Mais au moment où je l’ai vu pour la 1ère fois, j’ai eu un coup de foudre instantané. Pourtant, les conditions étaient bien moins favorables. La maternité était pleine : 4 accouchements en même temps, 3 salles, 1 sage-femme…

J’en garde malgré tout un bon souvenir. Le souvenir d’un moment très intense, difficile à décrire. Un véritable tsunami émotionnel.

Dès cette grossesse, je savais que ce ne serait pas la dernière. J’ai dû attendre un peu plus, m’armer de patience et d’argument pour convaincre le papa, mais 4 ans plus tard, mon petit dernier s’est niché dans mon ventre. La plus belle des grossesses, le plus bel accouchement.

Caroline en 2009 avec son premier fils
Caroline en 2011 avec son 2ème enfant

Je garde un souvenir très doux de ces grossesses.

Des instants où tout le monde prenait soin de moi.
Je garde des souvenirs puissants, presque merveilleux, de mes accouchements.
Mais des souvenirs plus ternes de mes post-partum, après l’accouchement. Des moments de doutes, d’inquiétudes et surtout de grande solitude.

Je pense que j’ai toujours voulu aider des personnes qui connaissaient des difficultés. Mais on m’a laissé penser que j’étais trop sensible pour travailler dans le social. Je prenais les choses « trop à cœur », j’avais des émotions débordantes, « incontrôlables ». Il a fallu que je travaille sur moi, sur mes émotions, sur mes blessures, pour prendre du recul, pour accueillir les émotions des autres sans qu’elles me blessent.

Je ne sais pas comment j’ai connu le métier de doula. Mais à ce moment-là, lorsque j’ai vu ce dessin animé, je le connaissais déjà. J’ai trouvé 2 formations qui me paraissaient assez sérieuses et complètes, en présentiel. J’ai hésité, j’ai envisagé de faire un bilan de compétence. Mais j’ai finalement choisi de me faire confiance. J’ai contacté le centre de formation qui me semblait le mieux et qu’une doula me recommandait : suite à des désistements, il restait 2 places pour démarrer la formation… 1 mois plus tard seulement. Tout s’alignait.

Alors quand, dès le premier jour de formation, la formatrice a dit : « Ici, vos émotions seront un atout », j’ai su que j’étais au bon endroit, que j’étais faite pour ça, pour ce métier.

Aujourd’hui, j’accompagne des femmes avec différents parcours.

Sarah a vécu une interruption de grossesse et appréhende cette nouvelle grossesse. Elle a besoin d’être rassurée, chouchoutée, entourée.

Mélanie est en projet bébé mais a toujours eu peur de l’accouchement. Elle compte donc sur moi pour la rassurer et lui donner des outils et astuces.

Zola avait besoin de prendre confiance dans son corps pour l’accouchement. Aujourd’hui, en postpartum, je lui apporte un soutien plus pratique, et je l’aide dans son couple, mis à mal par le chamboulement de la maternité.

…..

Je me sens enfin utile et complètement à ma place.

Caroline en 2016 avec son 3ème enfant