
Le deuil périnatal impacte aussi les enfants
Quand un bébé meurt pendant la grossesse, à la naissance ou quelques jours plus tard, son absence laisse une empreinte profonde dans toute la famille.
Les adultes sont souvent bouleversés, pris dans un tourbillon de tristesse, de colère, de sidération. Mais on oublie parfois que les enfants aussi ressentent.
Même s’ils ne comprennent pas tout avec des mots, ils perçoivent les émotions, les silences, le chagrin.
Parler de la mort d’un bébé à un enfant n’est jamais simple. Et pourtant, c’est essentiel.
Pourquoi leur parler du décès d’un bébé ?
Mettre des mots sur les émotions qu’ils ressentent
Les enfants sont de véritables éponges émotionnelles. Ils perçoivent les tensions, les non-dits, les changements d’humeur… Dès leur plus jeune âge.
Leur donner une explication claire, adaptée à leur âge, les aide à comprendre ce qui se passe, à se sentir en sécurité et à poser leurs propres émotions.
Ne pas leur parler de la mort ne les protège pas des émotions
On pense parfois qu’en évitant le sujet, on les préserve. Mais le silence peut être source d’incompréhension, d’imaginaire effrayant, ou de culpabilité (“Est-ce que j’ai fait quelque chose ?”). Mettre des mots, même simples, leur permet de se sentir inclus, respectés, et moins seuls.
Quels mots utiliser pour expliquer la mort d’un bébé ?
Dire la vérité avec des mots simples et adaptés
Il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails. L’essentiel est d’utiliser des mots vrais et clairs : “Le bébé est mort” ou “Le bébé n’a pas pu vivre”. Cela permet à l’enfant de comprendre que le bébé ne reviendra pas, sans nourrir des espoirs ou des fantasmes.
Oser utiliser le mot “mort”, même pour un tout-petit
Beaucoup d’adultes ont peur du mot “mort”, mais pour les enfants, ce mot n’a pas la même charge émotionnelle que pour nous. Il est souvent plus rassurant qu’un flou comme “il est parti” ou “il s’est endormi”, qui peut les angoisser davantage.
Exemples de phrases à dire avec douceur
- “Le bébé était trop petit pour vivre.”
- “Le corps du bébé ne fonctionnait pas, il est mort.”
- “Il ne reviendra pas, mais on peut continuer à penser à lui.”
Comment accompagner les émotions de l’enfant en deuil ?
Laisser la place à toutes ses réactions
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réaction face à la mort d’un bébé. Certains enfants vont pleurer, d’autres vont se refermer, ou poser mille questions. D’autres encore paraîtront indifférents. Et c’est normal. Il peut avoir besoin de temps pour intégrer ce qui se passe.
Tous les comportements sont normaux. Laisser la place à ce qui vient, sans jugement, leur permet de traverser leur chagrin à leur rythme.
L’aider à se sentir accueilli dans ce qu’il vit
Tu peux lui dire :
“C’est normal d’être triste ou en colère.”
“Moi aussi, je ressens plein de choses en ce moment.”
“Tu peux m’en parler quand tu veux, ou juste venir dans mes bras.”
Ces phrases simples permettent à l’enfant de se sentir reconnu et entouré.
L’aider à exprimer ce qu’il ressent autrement
Tous les enfants n’ont pas les mots pour dire leur chagrin. Tu peux lui proposer d’autres formes d’expression :
- 🎨 Dessiner le bébé
- 📖 Lire une histoire sur le deuil ou la mort
- 💌 Écrire une lettre au bébé décédé
Ces petits gestes peuvent devenir de précieux rituels pour l’aider à donner une place à à ce bébé dans son histoire.
Le rassurer sur sa propre sécurité
Un enfant peut avoir peur que d’autres bébés, ou lui-même, meurent aussi. C’est important de le rassurer sans nier la réalité :
“C’est une situation très rare.”
“Ce n’est pas contagieux.”
“Et toi, tu es en pleine santé. Papa et maman sont là pour prendre soin de toi.”
L’inclure dans les rituels d’adieu
Les rituels des adultes : enterrement, funérailles, cérémonie d’adieu
Quand un bébé meurt, une cérémonie d’au revoir est parfois organisée : funérailles, enterrement, moment symbolique… Ce sont des rituels importants pour les parents, et ils peuvent aussi l’être pour l’enfant.
S’il est en âge de comprendre, de dire ce qu’il ressent, tu peux lui en parler simplement et lui demander s’il souhaite être présent.
“On va dire au revoir au bébé. Est-ce que tu veux venir avec nous ?”
« Tu veux que je t’explique comment ça va se passer ? »
Lui laisser le choix, sans le forcer ni l’écarter d’office, lui permet d’exister pleinement dans ce moment familial.
Des rituels pour lui : créer un lien à sa mesure
Au-delà de la cérémonie, certains gestes très simples peuvent aider ton enfant à faire une place à ce bébé dans son cœur et dans sa vie. Tu peux lui proposer de :
- 🕯️ Allumer une bougie ensemble à une date importante
- 🌱 Planter une fleur ou un arbre “pour le bébé”
- ✉️ Écrire un mot ou faire un dessin et le glisser dans une enveloppe
- 📦 Fabriquer une boîte à souvenirs
Ces rituels doux et personnels peuvent devenir des repères sécurisants, et nourrir un lien intérieur qui l’aide à traverser son chagrin à sa façon.
Un chemin qui se construit dans le temps
Les enfants vivent le deuil par étapes. Ils n’intègrent pas tout d’un seul coup. Leur compréhension de la mort évolue avec l’âge. Ils peuvent poser la même question plusieurs fois, parfois des mois ou des années plus tard.
C’est normal. Chaque discussion est une pierre posée sur leur chemin.
Quand c’est trop difficile d’en parler…
Te voilà armer de nombreux exemples, mais ce n’est pas facile pour autant… Surtout que tu vis toi-même un deuil, une immense douleur. Trouver le courage, la force, de mettre tout ça en place, peut être au-dessus de tes forces, et c’est normal. Tu fais déjà de ton mieux.
Si tu ressens que tu as besoin d’aide pour parler de la mort du bébé, pour mettre des mots ou simplement pour être entendue, tu peux te faire accompagner. Par une doula, par un professionnel de l’écoute, ou par quelqu’un de ton entourage de confiance.
On peut en parler ensemble. Envoie moi un message.
💛 Leur parler du décès d’un bébé, c’est leur donner un repère, une permission d’exister dans ce chagrin, et des ressources pour grandir avec leurs émotions.