
Lorsque je rencontre une nouvelle personne et qu’elle me demande ce que je fais dans la vie, je réponds que je suis ….
doula spécialisée dans le deuil périnatal.
Tu l’imagines, en général ça jette un froid quand je prononce le mot « deuil ». Ce sujet est si tabou et pour autant, je n’ai jamais été aussi fière de mon métier qu’aujourd’hui.
Car avant de l’exercer, j’ai déjà eu plusieurs vies dans lesquelles il m’a toujours manqué ce que j’ai réussi à avoir aujourd’hui.
Pour tout te dire, quand j’étais petite et qu’on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais spontanément auxiliaire puéricultrice. Mais on ne m’a pas pris au sérieux, et j’ai abandonné l’idée.
Résultat, au lycée et après le bac, je n’arrivais plus à me projeter nulle part.
Finalement, j’ai décroché un diplôme d’ingénieure en électronique en 2005 et j’ai travaillé pendant 17 ans dans l’industrie. Intellectuellement, ce métier était très intéressant. Mais, il me manquait quelque chose.
Les émotions contrastées de la grossesse
Lorsque je suis tombée enceinte en 2008, j’ai découvert les joies (et les maux, les doutes, les appréhensions…) de la grossesse, de la naissance et des débuts en tant que maman.
Pour mon deuxième accouchement, 2 ans plus tard, mon bébé a montré des signes de souffrance. L’équipe médicale s’est concentrée sur lui (et je le comprends). Mais moi, j’ai été complètement mise de côté. Aucune explication, ni pendant, ni après. Je me suis sentie invisible.
C’est sûrement pour ça, que pour mon troisième accouchement, j’ai voulu accoucher à domicile. Je ne suis pas allée au bout de l’idée, parce que mon compagnon était inquiet de ce qu’il pouvait se passer. Résultat, bébé est né 30 minutes après mon arrivée à l’hôpital, sans péridurale, vu la rapidité des choses. Une expérience aussi intense que merveilleuse.


Mais j’ai attendu encore 7 ans, et l’approche de mes 40 ans, pour remettre ma carrière en question. Émotionnellement, c’était très compliqué dans mon travail. Je me sentais malmenée. Et surtout, il me manquait quelque chose de fondamental : le sens.
J’ai ce désir profond d’avoir un impact positif pour des personnes.
Je me suis donc formée comme doula. J’ai découvert, enfin, un métier où je peux être utile, aider, apporter de la douceur, de l’apaisement, et transmettre. Je découvre également le deuil périnatal. Les témoignages me touchent énormément.
C’est pourquoi j’ai créé une association en 2022. Pour accompagner celles et ceux qui traversent un deuil périnatal, mais aussi pour sensibiliser à ce que peut vivre et ressentir un couple qui perd son bébé ou connaît un arrêt de grossesse.
Je crée mon entreprise peu de temps après, pour accompagner les femmes et les couples en tant que doula, accompagnante périnatale. Et j’attends encore presque 2 ans avant d’oser me spécialiser.
Ce choix n’a pas été facile, mais aujourd’hui, je sais que c’est ma voie.
Passer par toutes ces étapes n’a pas toujours été simple. J’ai souvent douté, pleuré, et eu peur de regretter et de ne pas être à la hauteur. Mais chaque fois, les émotions fortes, les moments de partage et les retours que je reçois me rappellent pourquoi j’ai choisi ce chemin.
Aujourd’hui, je suis reconnaissante de vivre un métier qui fait battre mon cœur.
De prendre soin des femmes à travers des soins rebozos.
De les accompagner en présentiel et en distanciel au travers de rendez-vous d’écoute.
De leur fournir des outils pour retrouver plus de sérénité dans leur quotidien.
Et de les voir retrouver sourire et confiance.
