Deuil périnatal : comment reprendre le travail sereinement ?

femme au travail après une fausse couche

Perdre un bébé est une épreuve bouleversante. Et pourtant, dans le monde du travail, le deuil périnatal est complètement ignoré. « Les soucis personnels doivent rester à la maison ».
Reprendre le travail après un arrêt de grossesse ou le décès d’un bébé peut alors devenir une seconde épreuve : devoir sourire, faire comme si de rien n’était, tout en portant en soi une douleur encore vive.
Dans cet article, je vous propose d’explorer les enjeux de ce retour, souvent silencieux, et les besoins d’accompagnement qui l’entourent — pour les parents comme pour les équipes.

Le deuil périnatal, une réalité encore mal reconnue

Petit rappel : qu’est-ce que j’entends par deuil périnatal ?

Pour de nombreux professionnels et associations, en dépit de la définition de l’OMS, le deuil périnatal concerne la perte d’un bébé pendant la grossesse (fausse couche, arrêt de grossesse, interruption médicale de grossesse, etc.), à la naissance, ou dans les premières semaines de vie. Quelle que soit la durée de la grossesse ou l’âge du bébé, l’attachement est souvent réel, et donc la perte est vécue comme immense.

Mais cette réalité dérange, met mal à l’aise, et confronte à des émotions profondes que beaucoup ne savent pas comment accueillir.

Une souffrance légitime… mais invisible

Au sein des entreprises, le deuil périnatal est souvent minimisé : on parle peu, on évite le sujet, parfois même la personne, on suppose que “ça va passer vite”.
Or, les parents endeuillés peuvent se sentir isolés, incompris, voire coupables d’être “encore touchés”. Et ça peut durer des mois voire des années.

Revenir travailler après un deuil périnatal : un choc silencieux

Entre attentes extérieures et tempête intérieure

Quand une femme (ou un homme) revient au travail après avoir perdu un bébé, le monde professionnel attend souvent un retour rapide à la normale.
Sourire, reprendre les dossiers, aller aux réunions.
Mais à l’intérieur, rien n’est plus pareil.

Il peut y avoir :

  • un choc émotionnel dès le retour,
  • des larmes qui montent sans prévenir,
  • la peur de croiser une collègue enceinte ou de recevoir une remarque maladroite.

La personne en deuil porte encore le vide, l’attente brisée, et parfois un sentiment d’injustice, de culpabilité ou d’échec (ou les 3 en même temps).

Des réactions très différentes selon les personnes

Certaines trouvent refuge dans le travail. Il offre un rythme, une distraction, une façon de “tenir debout”.
D’autres vivent leur retour comme un poids de plus, une violence de devoir dissimuler ce qu’elles traversent.

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de réagir.
Le deuil est personnel, mouvant, non linéaire. Ce qui compte, c’est de pouvoir être accueillie avec respect et bienveillance.

Et les autres ? Collègues, managers, entreprises…

Ce qu’on ne dit pas (et ce qu’on pourrait dire)

L’entourage professionnel est souvent démuni : faut-il en parler ou non ? Et si on fait une gaffe ?
Résultat : beaucoup préfèrent le silence. Mais ce silence est parfois plus douloureux que les mots.

Quelques phrases toutes simples peuvent faire la différence :

  • “Je pense à toi.”
  • “Je ne sais pas quoi dire, mais je suis là.”
  • “Si tu as besoin de parler, je suis disponible.”

Et si parler est difficile, c’est normal et tout à fait compréhensible. Un petit geste symbolique peut aussi exprimer une présence : une fleur sur le bureau, une boisson chaude, un mot glissé sur un post-it…

Le rôle clé des managers et des RH

Les responsables d’équipe ne sont pas des thérapeutes. Mais ils peuvent :

  • proposer un temps d’échange avant la reprise,
  • adapter temporairement les missions ou le rythme,
  • éviter les injonctions (“ça va aller”, “le travail te changera les idées”),
  • prévenir l’équipe (avec l’accord de la personne concernée).

Ce ne sont pas des dispositifs complexes à mettre en place, mais ils permettent de créer une culture d’entreprise plus humaine.

Faciliter le retour au travail après un deuil périnatal

Ce qu’attendent les personnes concernées

Les femmes (et les hommes) qui reprennent le travail après une perte ne demandent pas des traitements exceptionnels.
Elles demandent principalement que leur vécu soit reconnu et qu’on ne leur impose pas un masque.

Certaines souhaitent parler. D’autres préfèrent avancer en silence.
Ce qui compte c’est de leur poser la question, et de voir comment il est possible de faire au mieux pour tous.

Et si on parlait de prévention ?

Dans certaines entreprises, une culture d’écoute et de bienveillance est déjà présente.
Dans d’autres, beaucoup d’autres, il y a tout à construire.
Former les managers, ouvrir des espaces d’expression, intégrer le deuil périnatal dans les politiques RH… ce sont des leviers concrets pour améliorer l’accompagnement.

Conclusion : ouvrir la parole, pas à pas

Le retour au travail après un deuil périnatal n’est jamais anodin.
Il peut être une épreuve, un refuge, un moment de bascule.
Ce qui change tout, c’est l’environnement dans lequel il se déroule.

Reconnaître, écouter, ajuster… ce sont de petites clés pour un soutien réel et respectueux.

  • Si vous êtes parent concerné, sachez que vous n’êtes pas seul·e.
  • Si vous êtes professionnel·le ou manager, vous pouvez faire la différence.

Vous voulez creuser la question ?
Discuter de comment reprendre le travail le plus sereinement possible, ou bien comment réintégrer un parent endeuillé dans votre équipe ou votre entreprise ?
Venez m’en parler directement, nous trouverons des pistes ensemble.

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